L'Office québécois de la langue française a comme responsabilité de définir et de conduire la politique en matière d'officialisation linguistique, de terminologie ainsi que de francisation de l'Administration et des entreprises.
Publié en 1980, l'énoncé d'une politique relative à l'emprunt des formes linguistiques étrangères présentait les lignes directrices sur lesquelles s'appuyaient les fonctions de l'organisme pour le traitements des emprunts. Après plus de 25 ans, l'Office a jugé essentiel de modifier cet énoncé.
L'emprunt linguistique est tout procédé par lequel les utilisateurs d'une langue adoptent intégralement ou en partie une unité ou un trait linguistique (lexical, sémantique, morphologique, syntaxique, phonétique) d'une autre langue.
Critères d'acceptabilité des empruntsL'acceptabilité des emprunts s'évalue à partir de principes directeurs et normatifs ainsi qu'en fonction de deux catégories de critères qu'il faut analyser conjointements: les critères linguistiques et les critères sociolinguistiques.
1. Les critères linguistiques-La catégorie de l'emprunt analysé dans la mesure où certaines catégories sont davantage conformes ou intégrables au système du français.
-La co-existence de l'emprunt avec des mots, termes ou expressions en usage ou disponibles.
-L'intégrabilité de l'emprunt au système linguistique du français
2. Les critères socio-linguistiquesLe degré de généralisation et d'implantation de l'emprunt dans l'usage s'évalue selon l'aire de distribution géographique, l'aire de généralisation sociale et la dimension temporelle.
Le degré d'implantabilité de l'emprunt et des termes français qui coexistent avec cet emprunt se mesure selon les catégories d'usagers actuels ou potentiels et les représentations, les attitudes et les comportements des locuteurs. Ceux-ci déterminent si le terme emprunté est reçu dans la norme sociolinguistique.
Acceptabilité des emprunts1. Emprunts acceptésLes mots, termes et expressions reconnus par l'Office ou les mots, termes et expressions acceptés comme synonymes d'un terme privilégié.
2. Emprunts non-acceptésLes mots, termes et expressions déconseillés par l'Office ou non retenus car ils ont été jugés insatisfaisants (souvent sur le plan sociolinguistique).
Emprunts selon la langue d'origineEmprunts à l'anglaisEmprunts acceptés:
-Emprunt ancien ou généralisé en français pour lequel on ne connaît pas d'équivalent français
exemple: lock-out
-Emprunt ancien ou généralisé en français du Québec et qui y a acquis un statut linguistique et socioculturel qui le rend difficilement remplaçable
exemple: aréna (syn. patinoire intérieure)
Emprunts non-acceptés:
-Emprunts introduits massivement en français dans un secteur d'activité donné
exemple: Emprunts massifs dans le secteur des technologies
-Emprunt non-généralisé en français
-Emprunt généralisé en français qui entraîne des irrégularités qui brisent la cohérence
-Emprunt généralisé qui coexiste avec un ou des équivalents français disponibles ou en usage
-Emprunt intégral ou faux emprunt sans équivalent français, mais qui coexiste avec un emprunt hybride mieux adapté au système du français
-Emprunt généralisé en français qui coexiste avec un ou des équivalents d'usage plus rare, mais qui possèdent un bon degré d'implantabilité
Calques sémantiquesCalques acceptés:
-Calque sémantique pour lequel on ne connaît pas d'autres équivalents et qui est conforme ou intégrable sur le plan sémantique ex: souris (informatique: outil de pointage)
-Calque sémantique généralisé en français du Québec, conforme ou intégrable sur le plan sémantique au français (ex: blanchissage, synonyme de jeu blanc)
Calque non accepté:
-Calque sémantique qui est difficilement intégrable sur le plan sémantique et qui ne comble aucune lacune lexicale ex: digital (fr. numérique)
Calques morphologiquesCalques acceptés:
-Calque morphologique conforme ou intégrable au système morphosémantique du français et pour lequel il n'existe pas d'autres équivalents disponibles ex: énergie douce (en. soft energy)
-Calque morphologique conforme ou intégrable au système morphosémantique du français dont l'usage est généralisé en français au Québec ex: centre jardin (syn.: jardinerie, en: garden center)
Calque non-accepté
-Calque morphologique non conforme ou difficilement intégrable au système morphosémantique du français ex: vol domestique (fr: Vol intérieur, en: domestic flight)
Emprunts aux langues autochtonesEmprunts acceptés
-Emprunt généralisé en français du Québec qui coexiste avec des équivalents français ex: caribou (syn. : renne d'Amérique)
-Emprunt généralisé en français du Québec qui ne coexiste pas avec des équivalents français
ex: babiche
L'adaptation des emprunts-Lorsqu'il existe plusieurs variantes d'adaptation phonétique selon les aires francophones, on privilégie la variante québécoise
-Lorsqu'il existe plusieurs variantes graphiques francisées d'un emprunt, la plus proche du français ou la plus simple est privilégiée
-Certaines séries nouvelles d'emprunts seront adaptées au français par recours à un modèle de dérivation.
-L'intégration des emprunts acceptés sera renforcée par l'application de la règle générale du genre et du nombre et des mots français, peu importe le genre ou le nombre de la forme dans la langue prêteuse
-Dans le cas du genre, on observe une distribution aléatoire du féminin et du masculin selon le degré d'intégration des emprunts et selon les collectivités linguistiques
-Pour l'accentuation, les emprunts suivront la règle des mots français
-Généralement, les emprunts sont francisés en les adaptant à l'alphabet et à la graphie du français