L'histoire de la lexicologie française montre que les auteurs de dictionnaires ont plutôt proposés une version uniforme et monolithique de la langue en négligeant les particuliarismes propres au francé parlé à l'extérieur de Paris. La valorisation des différentes variétés de français hors de France se passe surtout à partir des années 80. La pratique terminologique et lexicolographique francophone tient compte de façon plus important du phénomène de la variation géographique.
L'approche variationniste
L'approche variationniste «consiste à refléter la variété des usages et des traditions terminologiques des différents aires géographiques propres à chaque langue qui fait l'objet de travaux» (Rousseau 1995; s. p.). Elle s'inscrit dans un mouvement général d'adaptation culturelle des produits et services.
Le marquage topolectal
Les terminologues relèvent généralement des variantes topolectales dans les domaines d'activité sur lesquels portent leurs travaux et recourent à des marques topolectales pour caractériser ces variantes. Il y a quelques exceptions puisque bien peu d'entre eux font explicitement état des principes qui guident leur façon de marquer géographiquement les termes. Dans les ouvrages de terminologie, on se contente de souligner l'utilité du marquage topolectal en indiquement seulement qu'il est important d'associer à une variation topolectale un code alphabétique qui correspond à la zone géographique où elle est employée.
L'ISO préconise le recours à la catégorie usage géographique «pour indiquer les différences d'emplois des termes, à l'échelle locale, régionale ou nationale» et suggère que les usages géographiques soient identifiés à l'aide de symboles de pays ou par un nom de continent (organisation internationale de normalisation 2001 : 15).
Realiter, quant à lui, se prononce en faveur d'un marquage topolectal souple dans lequel une marque n'a pas de valeur exclusive, le terme marqué pouvant circuler ou être utilisé dans d'autres zones de la latinité.
L'importance du phénomène de la variation géographique
La grande majorité des termes et expressions diffusés sont dans les faits en usage à la fois en France, au Québec et dans les autres pays de la francophonie. L'harmonisation des termes est un idéal est toujours poursuivi par la pratique terminologique.
Les cas de non-marquage
La décision de recourir à des marques topolectales dans un travail terminologique dépendent des objectifs poursuivis et du public visé.
Les auteurs du dictionnaire québécois d'aujourd'hui (DQA) ont choisi comme objet de description l'intégralité du français en usage au Québec. Ils ont opté pour un marquage topolectal inversé qui s'appliquait aux particularités du français en usage en France. Par exemple, le terme traversier a été présenté sans marque, alors que son synonyme ferry-boat est porteur de la marque topolectale France (DQA 1993: 485 et 1202)
Dans le cas d'un terme néologique, on s'abstient de lui attribuer une marque topolectale indiquant la communauté où le terme a été créé.
Les types de marquage topolectal
Le marquage topolectal de terme
Pour un concept donné, chaque terme reçoit une marque topolectale correspondant à chacune des communautés où il est en usage. Ce type de marquage n'est cependant pas satisfaisant pour tous les cas de variation géographique.
Le marquage topolectal conceptuel
Le marquage topolectal conceptuel décrit l'extension géographique d'un concept associé à des réalités politiques, administratives, socioéconomiques, matérielles et culturelles qui appartiennent à un État, à un ensemble d'États, à un peuple ou à un territoire donné. Ce marquage se rencontre notamment à l'intérieur de définitions et dans des notes explicatives.
Le marquage topolectal intradéfinitionnel
La marque topolectale intradéfinitionnelle peut être placée au début de la définition, en tant que proposition circonstancielle de lieu, ou bien à l'intérieur du texte de la définition. Ce marquage est tout indiqué lorsque le concept renvoie à une réalité propre à une communauté géopolitique.
La problématique de la variation topolectale en contexte de terminologie multilingue
La présentation d'ouvrages terminologiques multilingues: choix de la langue
Lorsque le besoin d'une terminologie en français se fait sentir dans des domaines fortement anglicisés ou occupés par une autre langue au Québec, l'OQLF choisit de présenter les résultats à partir de l'anglais ou d'une autre langue (langue source). Par contre, dans des situations où le vocabulaire fait défaut en français, ou lorsque la confusion sémantique ou lexicale règne, l'Office publie des ouvrages élaborés à partir du français et à l'intérieur desquels paraît également l'anglais afin de répondre aux besoins de traduction qui, au Québec, vont souvent de l'anglais vers le français.¸
L'article terminologique: choix du terme principal dans une langue et ordre d'apparition des équivalents dans d'autres langues
Peu importe la langue en cause, le choix du terme principal obéit aux mêmes règles que dans le cadre des travaux terminologiques unilingues. C'est la politique éditoriale adoptée par les auteurs qui guide le choix du terme à privilégier.
Chaque produit terminologie répond à des politiques d'édition qui lui sont propres, politiques qui comprennent des règles de marquage.
La présentation des synonymes par langue et présentation des marques topolectales
Même si aucune règle écrite n'explique l'ordre de présentation des synonymes, nous savons que plusieurs facteurs l'influencent néanmoins. Parmi ceux-ci, on retrouve la fréquence du terme, sa vitalité, l'aire géographique de son emploi, etc.
Pour alléger les difficultés inhérentes à des projets terminologiques portant sur une même langue, il peut être souhaitable que l'ordre alphabétique soit privilégié dans la présentation des synonymes, indépendamment de la marque topolectale qui leur est associée.